Seuil Anaérobie
Il est réellement difficile de donner une définition du seuil anaérobie qui intègre tous les concepts qui découlent à ce sujet, et qui satisfasse tout le monde. Cela pourrait être:
Au point d'intensité maximale, là où l'acide lactique se produit mais ne parvient pas à s'accumuler en sang, nous pourrions l'appeler Seuil Anaérobie. Évidemment que cette définition est simpliste dans le but de ne pas compliquer la question puisque même entre les scientifiques, il n'y a pas d'accord unanime quant à la dénomination, signification, analyse...
Quand nous parlons du seuil d'anaérobie, nous nous référons donc au point ou à la zone de transition entre le métabolisme d'aérobie et le métabolisme d'anaérobie. Ou mieux peut être encore, à la zone de transition entre une intensité dans laquelle l'obtention d'énergie est supérieure en aérobie et une autre intensité d'exercice logiquement plus élevée dans laquelle l'obtention d'énergie précise de la participation importante du métabolisme d'anaérobie lactique.
Il faut prendre en compte que le fait de travailler au niveau du seuil d'anaérobie ou en dessous de celui-ci ne signifie pas qu'il n'y ait pas de production d'acide lactique au niveau musculaire, ce qui arrive c'est qu'il est neutralisé ou éliminé en quantité suffisante comme pour qu'il ne s'accumule pas progressivement, comme l'on peut voir sur le graphique ci-dessus où l'on constate qu'autant en situation de repos (correspondant au temps situé entre -10 et 0), que comme dans des travaux de basse intensité (correspondant au temps situé entre 0 et 30), il y a une formation de lactate, et ce qu'il se passe, c'est que comme nous l'avons dit antérieurement, il est éliminé et comme conséquence à cela, l'analyse de lactate sanguin (représenté par la ligne de l'échelle de droite), n'a pratiquement aucune variation. Par contre, quand l'intensité de l'exercice augmente de façon à ce que l'élimination de lactate ne parvienne pas à équilibrer la formation (à partir de la minute 30), nous voyons l'augmentation progressive du lactate sanguin. Donc, quand un sportif est en train de réaliser un entraînement à l'intensité du seuil anaérobie, ou même en dessous de celui-ci, cela ne veut pas dire qu'il soit en train de travailler exclusivement le métabolisme aérobie, mais qu'il développe aussi la glicolyse anaérobie et l'éclaircissement du lactate. Ce qu'il se passe, c'est qu'à défaut d'avoir une accumulation de l'acide lactique, on considère que tout le travail est en aérobie.
Pour cela, le fait d'attribuer un chiffre fixe de lactate (comme quand il était en vogue avec ces 4 mMol/l) pour déterminer le seuil peut aussi entraîner des erreurs, puisque l'état d'équilibre entre la formation et l'élimination de lactate au niveau maximal d'intensité de travail, qui est finalement ce qu'essaye de déterminer le seuil d' anaérobie, peut difficilement être lié avec exactitude avec un chiffre absolu fixe pour tous les sportifs. Quand des études sur l'état stable de lactate sont réalisées, celui-ci peut se stabiliser à 3mMol/l ou en dessous, ce que peuvent aussi trouver d'autres sportifs qui parviennent à maintenir un équilibre à des niveaux supérieurs aux fameux 4mMol/l. Dans ce sens là, le graphique supérieur nous montre différentes concentrations de lactate au niveau du seuil d'anaérobie individuel, basé sur des travaux de Stegman.
Il ne faut pas non plus penser qu'une fois l'intensité dans laquelle se trouve le seuil d'anaérobie atteinte, toute l'énergie qui se forme provient du métabolisme d'anaérobie, puisque la consommation d'oxygène n'a pas encore touché le plafond (à l'intensité du seuil), et selon augmente l'intensité de travail par dessus le seuil, la consommation d'oxygène augmente aussi, ce qui ferait penser que la production d'énergie par voie d'aérobie augmente également. Par contre, une fois que l'intensité correspondante à la puissance maximale d'aérobie (c'est la puissance qui se développe quand on atteint la consommation maximale d'oxygène) est dépassée, toute augmentation de l'intensité va être due à une augmentation de formation d'énergie par voie d'anaérobie exclusivement. Il est convenable d'avoir bien clairs tous ces concepts clés afin de pouvoir assimiler également des références qui se réalisent au niveau de la programmation de l'entraînement. Souvent, à l'heure de parler d'intensité d'entraînement, on fait référence à un pourcentage et il faut délimiter si c'est un pourcentage de la consommation maximale d'oxygène ou bien un pourcentage de la puissance maximale. Si on établit des pourcentages de la consommation maximale d'oxygène, nous pouvons nous retrouver avec des intensité de 120 à 140 % (puisque la puissance maximale anaérobique est clairement au dessus de la puissance maximale d'aérobie qui correspond avec la consommation maximale d'oxygène) alors que si l'intensité s'établit en pourcentages de la maximale intensité (sans rien spécifier d'aérobie), on peut penser que des niveaux de 90 % ne peuvent être maintenus plus de 20-40 secondes.
Le seuil d'anaérobie est en train d'être utilisé avec plus ou moins de fortune dans la programmation de l'entraînement, et malgré les controverses quant à son obtention et signification, c'est en ce moment la mesure la plus fiable pour l'établissement des différents rythmes ou intensités d'entraînement. La possibilité de réaliser des mesures d'acide lactique de manière simple et avec des analyseurs de lactate à coût bas et clairement portatifs, est en train de permettre un plus grand contrôle et développement du rendement physique.
En disciplines de fond, également, le seuil d'anaérobie est utilisé pour prédire le rendement, en obtenant une haute fiabilité dans des spécialités bien concrètes, comme peuvent l'être le marathon, les épreuves de natation où l'utilisation du lactate dans tous ces aspects s'est développée de manière importante, les épreuves de cyclisme (principalement contre-la-montre et record de l'heure)...