Traitement Medicale de la Fasciite Plantaire
La douleur au talon (talalgie plantaire) est un problème relativement courant chez les personnes physiquement actives et en particulier chez les athlètes, et spécifiquement la douleur dans la partie inférieure du talon, qui peut obéir à différentes pathologies et donner lieu à un léger dilemme au niveau du diagnostic et de la thérapie à appliquer ; la complexité de l'anatomie fonctionnelle du talon dans son ensemble et de la plante du pied contribue en effet à l'existence d'une longue liste de pathologies possibles et par suite, de multiples variantes de traitement et de possibilités de retour à l'activité sportive. Cette douleur ou talalgie peut être la conséquence d'une atrophie dans le tissu adipeux de la zone, d'un excès de poids chez une personne présentant un pied creux, d'une contusion au talon, de maladies métaboliques, d'une radiculopathie lombaire S1, d'une fracture de fatigue du calcanéum ou plus fréquemment, d'une pathologie à l'insertion du fascia plantaire dénommée habituellement «fasciite ou aponévrosite plantaire».
Le plus habituel est que la douleur dans la partie postérieure du talon soit due à des problèmes d'insertion du tendon d'Achille, alors que la douleur plantaire ou dans la partie inférieure du talon soit le produit de troubles du fascia plantaire. Nous allons nous concentrer sur le traitement conservateur de la talalgie (douleur au talon, mais localisée sur la zone d'appui) qui est habituellement associée à un problème d'insertion du fascia plantaire ou fasciite plantaire. Une chose est sûre: plus le traitement est instauré tôt et plus les possibilités de résoudre le problème de manière conservatrice en évitant sa chronicisation sera nombreuses.
Au sein du traitement conservateur, il est possible d'établir, à titre d'orientation, différentes Phases Temporelles:
- Une Première Phase, qui peut durer de 4 à 6 semaines, pourrait inclure des changements dans l'activité physique et/ou sportive, une perte de poids (en cas d'existence d'excès de poids), la modification des chaussures, l'utilisation de semelles adaptées, des anti-inflammatoires oraux, des massages, de la cryothérapie et des exercices d'étirement et de renforcement.
- Dans une Seconde Phase, de 12 à 16 semaines, on inclurait d'autres modalités de thérapie physique, les infiltrations de corticoïdes, l'utilisation d'attelles nocturnes et le recours au plâtre.
- La Troisième Phase, après 6 mois environ d'autres mesures thérapeutiques, inclurait de tous nouveaux traitements beaucoup plus coûteux, comme l'utilisation d'ondes de choc et l'application de facteurs de croissance.
Première Phase
- Le mieux est de commencer par varier ou modifier l'activité physique ou sportive, de manière à diminuer les impacts sur le talon, soit en diminuant le volume de marche ou d'activité, soit en modifiant le terrain d'entraînement (passer du goudron ou du ciment au gazon naturel ou artificiel) ou, pendant un temps, changer d'activité sportive (bicyclette, elliptique, avirons,...).
- Évaluer les chaussures utilisées, pour adopter
des chaussures présentant un bon amortissement et qui diminuent l'intensité de l'impact à la réception de la foulée. Chez certaines personnes, le seul fait de changer de chaussures ou d'utiliser des talonnettes viscoélastiques produira une importante amélioration de la symptomatologie. Les athlètes peuvent utiliser pour les entraînements des chaussures un peu plus lourdes mais qui présentent plus d'amortissement, et garder les chaussures légères pour la compétition ; cela leur permettra de favoriser la récupération de la talalgie ou douleur au talon. - Anti-inflammatoires NON stéroïdes par voie orale. Ils peuvent être efficaces dans les premières phases de la fasciite plantaire car, si celle-ci se prolonge dans le temps, il n'y a pas de phénomènes inflammatoires, comme cela se produit avec la tendinopathie chronique du tendon d'Achille (que nous continuons d'appeler couramment tendinite d'Achille).
- Assurer un appui correct dans des situations de déséquilibre, au moyen d'attelles spécifiques fabriquées par un bon professionnel. L'une des causes impliquées dans l'apparition de la talalgie est un déficit d'appui, comme dans le cas des pieds creux, où le fascia plantaire est soumis à un excès de sollicitation, ce qui favorise l'apparition et la persistance de la talalgie ; cet excès de sollicitation se maintiendra tant que l'appui ne sera pas modifié.
- Une bonne alternative qui produit parfois des résultats spectaculaires est la Chevillère Airheel qui, en plus d'augmenter l'amortissement au niveau de l'appui du talon, se caractérise surtout par la stimulation de la circulation sanguine de la zone et l'effet massage qui se produit par la recirculation de l'air entre les deux compartiments qui la forment ; la combinaison de ces effets permet d'améliorer le drainage et par suite de diminuer l'inflammation et la douleur.
- Cryothérapie. La cryothérapie est une forme de traitement qui fait appel à l'utilisation du froid. Au début de tout processus de ces caractéristiques, on observe un développement des phénomènes inflammatoires, contre lesquels le froid s'avère la solution la moins chère et la plus efficace; en appliquant du froid,
il se produit une diminution du métabolisme cellulaire, une vasoconstriction (diminution de la circulation) et une diminution de la douleur, et nous obtenons par conséquent une analgésie et une réduction de l'inflammation. L'utilisation de packs de froid ou de glace, ou d'enveloppes de néoprène, contribuent à la réalisation d'une cryothérapie dans de bonnes conditions. Il est recommandé de réaliser entre 6 et 8 séances de froid de 10 à 15 minutes par jour les premiers jours, puis de diminuer progressivement la fréquence d'application; néanmoins, l'utilisation de la cryothérapie reste tout à fait indiquée après la réalisation de l'exercice, même une fois le problème résolu, afin d'éviter une rechute. - Bandages. Il existe différents types de bandage en fonction du matériau utilisé, qui peuvent contribuer à assister la fonction propre du fascia (principalement le maintien de l'arche plantaire)
et à atténuer la douleur. Ils peuvent être très utiles durant l'entraînement, lorsque la récupération de la fasciite n'est pas encore complète ou après une période de repos, durant les premiers entraînements de retour à l'activité. Il en existe une grande variété et chaque professionnel a ses préférences en fonction de ses expériences préalables : par exemple le Cross Patch (qui bien que n'étant pas spécifiquement un bandage, aide à atténuer la douleur), le Tape Sport (bandage rigide adhésif), divers bandages neuromusculaires et des bandages mixtes. Sur le Blog de Kinesiotape de Biolaster, il est possible de voir une application de bandage spécifique pour la Fasciite Plantaire. - La mise en œuvre d'un programme d'étirement, d'abord passif, puis actif, du tendon d'Achille ? fascia plantaire, ainsi que du renforcement de toute la musculature surale importante
(jumeaux et soléaire). Nous recommandons des séances d'au moins cinq minutes, deux fois par jour. D'un point de vue fonctionnel, le fascia plantaire n'est autre qu'un prolongement du tendon d'Achille. - Kinésithérapie. On peut avoir recours à des séances de kiné dès que la douleur le permet, afin d'obtenir une récupération plus rapide. Le massage par un professionnel dans ses différentes variantes (drainant, profond,...) réalisé 2-3 fois par semaine, peut contribuer à diminuer la douleur ; une variante pourrait être le massage avec de la glace, qui combinerait en partie les bénéfices du massage et de la cryothérapie. Certains recommandent à ceux qui ne pourraient pas accéder, pour différentes raisons, aux services d'un professionnel, de réaliser un auto-massage, en passant transversalement la plante endolorie du pied sur la jambe contraire, ou encore en faisant rouler un petit cylindre sur la plante du pied.
Seconde Phase
- Kinésithérapie. Différentes technologies de kinésithérapie peuvent être appliquées dès le début du processus pathologique, bien que leur coût élevé soit la raison pour laquelle on les inclut dans les traitements à réaliser en Seconde Phase. Le massage par un professionnel dans ses différentes variantes (drainant, profond,...) ainsi que l'utilisation d'ultrasons, ionophorèse, phonophorèse,... se présentent comme un atout supplémentaire en vue de la récupération.
- Attelles nocturnes
L'utilisation d'attelles nocturnes spécifiques a pour objectif de maintenir l'extension dorsale au niveau de la cheville et donc un certain niveau de tension et d'étirement du fascia plantaire tout au long de la nuit, ce qui contribue à réduire la talalgie à moyen terme ; selon différents auteurs, l'utilisation de férules nocturnes soulage jusqu'à 80% la symptomatologie de la fasciite. - Infiltrations de corticoïdes. Le traitement par infiltration de corticoïdes provoque beaucoup de réticences, sans doute associées à l'abus qui en a été fait il y a quelques années. Les résultats sont souvent très positifs mais tout le monde est d'accord
sur le fait qu'elles ne peuvent pas être renouvelées fréquemment à cause de l'augmentation du risque de rupture du fascia plantaire. - Utilisation du plâtre. Comme dernière mesure conservatrice de cette phase, on peut envisager l'immobilisation de la cheville au moyen d'une botte plâtrée.
Troisième Phase
- Ondes de Choc.
Ce traitement est une méthode relativement nouvelle à laquelle on fait appel lorsque l'évolution de la douleur au talon se prolonge au-delà de 6 mois et que les mesures conservatrices antérieures n'ont pas eu les effets souhaités. Bien que cette thérapie émergente ait des résultats plutôt mitigés pour certains, elle est efficace pour la diminution de la douleur et beaucoup de compagnies d'assurances sont en train de l'adopter en raison de la quasi inexistence de risques et d'un rapport coût-efficacité intéressant malgré des résultats positifs peu élevés. - Facteurs de croissance plasmatique.
L'utilisation d'injections de sang autologue ou de facteurs de croissance plasmatique s'est avérée effective pour le traitement de différentes pathologies, parmi lesquelles se trouvent l'épicondylite du coude et la tendinite rotulienne ; la similitude en termes de caractéristiques pathologiques entre la fasciite plantaire et l'épicondylite et la tendinite rotulienne favorise la réalisation du même traitement pour la fasciite, même si l'efficacité à moyen et long terme ne soit pas véritablement prouvée, en raison surtout de l'exigüité de l'échantillon de personnes traitées et soumises aux études réalisées.
Il y a des cas où l'adoption de toutes ces mesures conservatrices pendant plusieurs mois ne parvient pas à éliminer la douleur. Le moment est alors venu d'envisager la chirurgie pour résoudre définitivement le problème. Le progrès des techniques de chirurgie percutanée du pied amène une résolution chirurgicale moins agressive de la fasciite plantaire.
